Qui je suis
Retrouvez Laetitia sur Lyon Demain - Entretien avec Gérald Bouchon pour tout savoir sur Mâchon pas les mots !
Née en Savoie en 1986, j'ai été réalisatrice de documentaires pendant quinze ans et je m'attache aux portraits. Je mets en valeur des hommes et des femmes soucieux de faire progresser la société à travers leur réalisation, dans les domaines de l’éducation, de l’écriture, des sciences et de la montagne. Je remporte le Grand Prix du Festival International de Montagne d’Autrans en 2014. Je noue un lien particulier avec les territoires et l’alimentation, ce qui m’amène à une seconde carrière de dix années dans la gastronomie. Je participe à la création et assure la gestion d’un restaurant pédagogique. Une expérimentation sur cinq ans pour développer l’éveil aux goûts et aux enjeux liés à l’alimentation tout en construisant un modèle de restaurant durable et vertueux.
En 2023, je créée le média culinaire et engagé Mâchon pas les mots. C'est avec une écriture incarnée et poétique que j'aborde le lien au vivant, par le biais culinaire.
Transmettre - D’où je parle et pourquoi
Je viens d’un milieu social que je ne sais pas nommer. Sans filet financier, aux origines ouvrières et agricoles. Un milieu issu du scoutisme et qui s’est employé à recycler les idées de solidarité, d’émancipation et d’éducation populaire en matériaux pour changer le monde. J’ai grandi durant les années 90, dans un petit village de montagne, au cœur du massif des Bauges en Savoie. Très jeune, je baigne dans les mouvances de l’agriculture biologique, de l’insertion, de la formation entrepreneuriale et l’éducation à l’environnement.
Je me souviens faiblement des mots qui flottaient dans l’air de la cuisine... La construction du Label Agriculture Biologique et le rachat par l’État. Et ma mère m’expliquant que l’agriculture biologique, c’est le respect de la nature qui nous entoure. Mais que dans nos sociétés modernes, ce qui nous paraît évident doit être protégé par des normes. Car tous ne visent pas les mêmes intérêts. Et je crois qu’est née ici, ma première indignation. Pourquoi l’argent aurait-il plus d’importance que le vivant ? Pourquoi la nature, si belle, si complexe ne peut-être le point de départ de toutes nos priorités, de nos réflexions ? Et comme un enfant de neuf ans qui cherche à se rassurer et à construire un monde plus solide sous ses pieds, j’ai cherché en grandissant, comment transmettre cette idée. L’idée que la beauté rassemble.
L’artiste possède les clés d’accès à tous les milieux sociaux. Électron libre et de passage, il collecte, s’imprègne et sème. Jeune adulte, j’ai établi ma place dans le théâtre, le cinéma puis la réalisation documentaire durant quinze ans. Je pouvais raconter des histoires, mettre en scène, partager une idée, faire ressentir des émotions. Façonner des imaginaires à partir d’une matière réelle. Transmettre. Transmettre des visions du monde, apporter des repères, susciter la curiosité et l'empathie. Il était fondamental pour moi de parler des gens. De faire leur portrait. En poésie et en tendresse. De chercher leur humanité à travers des sujets très divers.
Puis j'ai fait des rencontres qui m'ont poussées à aller au contact d'un autre public. Celui de la restauration. Mon moyen d’expression n’était plus l'écriture et l’image mais l’assiette. Grâce à la gestion d’un restaurant pédagogique que j'ai voulu, avec les contraintes établies par l'école, le plus savoureux et durable possible. Et là encore, je pouvais me faire le relais d’une démarche, de producteurs, de cuisiniers de l’histoire des aliments et des plats, des métiers. J’ai vu dans les yeux des mangeurs la naissance d'enthousiasmes. Révélateurs d’un manque qu’ils n’avaient jusque-là pas mesuré : le plaisir d’apprendre, de créer du lien et de découvrir de nouvelles sensations culinaires. Engranger des émotions, des souvenirs, des repères. Le contact avec la réalité du monde vivant et des métiers les ont sensibilisés. Ils ne soupçonnaient pas l’immensité des enjeux de production, d’approvisionnement, les coûts, les aléas climatiques, les réalités économiques. Et parce qu’ils en ont fait l’expérience et qu’une confiance est née, je m’aperçus qu’une volonté de défendre les petits modèles résilients était pour eux, devenue une évidence.
C’est en m’appuyant sur ces impacts, que j'ai décidé d’œuvrer à plus grande échelle. Plus que jamais, la terre a besoin de protection. Elle a besoin d’être défendue, comprise, aimée. Alors, depuis deux ans, je me suis lancée dans une nouvelle aventure folle : la création de contenus culinaires et engagés. Revenir à l’image et à l'écriture pour séduire et partager des représentations. Pour parler du vivant aux vivants.